James Gandolfini

Parce qu'il reniflait bruyamment quand il tentait d'étrangler Christopher. Parce que sa voix partait dans les aigus et qu'il avait un regard d'enfant quand Livia le malmenait. Parce que ses mots déraillaient, qu'il ravalait ses sanglots pour un cheval ou une famille de canards. Parce qu'il pouvait avoir l'air d'un parfait gentleman des années 40. Parce qu'on pouvait sentir l'absence du moindre remords dans son oeil. Parce qu'il paraissait si démuni devant Oncle Junior. Parce qu'il n'a pas eu le temps de faire autre chose. Je pensais déjà que James Gandolfini avait fait don de tout ce qu'il avait à Tony Soprano : son corps, son registre d'acteur. Il avait puisé dans toutes les facettes de sa personnalité (de sa vie ?) pour faire d'Anthony Soprano un personnage plein, entier, entièrement incarné, autre chose qu'une théorie, ou un cas d'école. Il a donné une partie de lui à cet homme qui aurait pu être boiteux pour en faire ce mélange de bon bougre et de pourriture, suintant la mort mais grillant si bien les saucisses. 

Il paraît qu'il vivait mal les tournages des Sopranos. Qu'il était végétarien, non-violent et que ça lui faisait parfois mal d'habiter Tony. Il n'aura pas eu le temps de se faire oublier, d'évoluer, de vieillir. Il avait tellement tout donné que c'était encore trop tôt. Quand on le voyait, on voyait encore Tony. Mais maintenant, quand on regardera les Sopranos, on verra peut-être un peu plus Gandolfini.

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