Olliver Pourriol et le camarade de Robert Desnos

C'est dommage, On/Off peine à transcender l'anecdote, à dépasser le journal de bord. Pris au piège dans la logique du Grand Journal (une émission qui n'a découvert aucun vaccin, rappelons-le), Pourriol s'exonère de tout cynisme, s'enferre dans les petites batailles d'ego qui plombent le texte. C'est surtout regrettable car son talent pour le dialogue de sourds, pour les répliques absurdes qui se mordent la queue, pour pointer les vérités à sens uniques, tout ça est incontestable. Et puis, au milieu du bouquin, il y a un bol d'air. Qui justement fait tout relativiser. Et qui, peut-être, renvoie dans les cordes tout ce que je vous ai dit au début. Ce bol d'air, c'est ce magnifique poème de Robert Desnos. Rien que pour me l'avoir fait découvrir, Olliver Pourriol a toute ma reconnaissance.

Aujourd’hui je me suis promené avec mon camarade,
Même s’il est mort,
Je me suis promené avec mon camarade.

Qu’ils étaient beaux les arbres en fleurs,
Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort.
Avec mon camarade je me suis promené.

Jadis mes parents
Allaient seuls aux enterrements
Et je me sentais petit enfant.

Maintenant je connais pas mal de morts,
J’ai vu beaucoup de croque-morts
Mais je n’approche pas de leur bord.

C’est pourquoi tout aujourd’hui
Je me suis promené avec mon ami.
Il m’a trouvé un peu vieilli,

Un peu vieilli, mais il m’a dit :
Toi aussi tu viendras où je suis,
Un Dimanche ou un Samedi,

Moi, je regardais les arbres en fleurs,
La rivière passer sous le pont
Et soudain j’ai vu que j’étais seul.

Alors je suis rentré parmi les hommes.

Robert Desnos

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