Secret Identity de Kurt Busiek & Stuart Immonen

Dans la grande famille des auteurs de comics, Kurt Busiek appartient à la classe des "reconstructionnistes". Derrière ce vilain mot, se cache volonté constante de restaurer le lustre des grands super-héros classiques. Amoureux transi du Silver Age (1957-1973), il est en cela un direct héritier de Stan Lee. Mais s’il ancre ses héros dans le réel, s’il projette sur eux le regard de l’Homme de la rue, ce n’est pas pour les rendre ordinaires. Au contraire, c’est pour souligner ce qu’ils ont de proprement merveilleux. Après Marvels (1993) et en parallèle à sa grande œuvre, Astro City, Busiek a écrit ce Superman : Secret Identityparabole sur la force de persuasion des mythes, leur emprise sur la réalité et sur la manière dont la fiction nous aide à vivre. Dans une réalité identique à la nôtre, Clark Kent, 17 ans vit un calvaire : ses oncles éloignés lui offrent des pyjamas siglés pour son anniversaire et les autres ados l’accueillent d’un "Hé où il est ton costume, Superman ?" quand il arrive au lycée. Sa vie n’est qu’une longue marche à l’ombre d’un héros de fiction. Jusqu’au jour où il se découvre, lui aussi, des super-pouvoirs. Mais que va-t-il en faire ? Quelle place trouver entre une réalité qui n'a plus cours et un mythe inaccessible ?

Jolie fable sur le thème de la vie qui imite l’art, qui imite la vie, qui imite la poule, Secret Identity séduit aussi grâce au trait sensible de Stuart Immonen. Il a quelque chose d’anti-démonstratif qui, paradoxalement, renforce l’intensité de ses planches. Dans une case, par exemple, il insiste sur une mèche de cheveux qui couvre le regard de Lois. A ce moment, précisément, on comprend pourquoi Clark tombe amoureux. Et sans effets, en laissant la vie se dérouler, les auteurs parviennent à rendre un rendez-vous amoureux plus palpitant que mille sauvetages d’avion

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