Wait Until Spring, Bandini

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"Il redoutait son père, il avait une trouille bleue de son père. Dans toute son existence, il n’avait pris que trois corrections mais leur violence terrifiante restait gravée dans sa mémoire. Il n’avait pas la moindre envie d’en subir une quatrième"

 Je ne sais pas où le situer sur le grand baromètre de la littérature américaine, mais John Fante est sûrement l’écrivain qui me touche le plus. Son style employé a souvent quelque chose de vulgaire, de mal dégrossi, avec ses montées de violence, son émotivité et ses larmes purificatrices. Dans Bandini, Arturo, 15 ans, est pris en tenaille entre un père rustre et une mère obnubilée par le jugement de Dieu. Alors, il se fait mesquin, parfois sadique. Et à chaque fois, sa confession vient aussi bien absoudre son précédent pêché que préparer le prochain. Comme le printemps et l’hiver (cf le joli titre original), la violence et la culpabilité se cachent toujours l’une derrière l’autre, destinées à se succéder à l’infini. Vers la fin, Arturo bronze sur le dos, allongé dans l’herbe. Il attend ce foutu printemps qui ne vient pas, et un chien errant vient lui lécher la joue. A ce moment-là, il suffit de quatre phrases : "Reste ici avec moi, lui dit-il. Tu es mon chien. Tu t’appelleras Jumbo. Le bon gros Jumbo", pour qu’on tienne à ce chien comme à la prunelle de nos yeux. Comme s'il avait été présent depuis le début du roman. Comme si Jumbo avait accompagné Arturo depuis le début de l’hiver.

Bandini de John Fante, Editions 10/18 (Préface : Philippe Garnier)

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